Et l’intérêt de l’enfant dans tout ça ?
Le 18 octobre 2011, l’Assemblée Nationale a été saisie d’une proposition de loi « visant à préserver l’autorité partagée et à privilégier la résidence alternée pour l’enfant en cas de séparation des parents ». Si d’autres pays, comme l’Italie, les Etats-Unis ou la Belgique, ont déjà légalement fixé la résidence alternée comme solution par défaut, devons-nous en faire autant ?
La question de la résidence alternée (ou garde alternée) est un sujet délicat et complexe. Les enfants, au cœur du débat, en sont souvent les otages plus que les réels bénéficiaires. Et c’est là tout le problème auquel le législateur entend s’attaquer avec cette proposition de loi. En effet, il n’est pas rare de voir des parents demander une résidence alternée en vertu du principe d’égalité entre parents, sans véritablement se poser la question de l’intérêt de l’enfant. Certains sollicitent une garde alternée pour tenter d’échapper au paiement d’une pension alimentaire, d’autres pour « gagner », « avoir le dernier mot », « faire mal à l’autre ». Bref, la résidence alternée n’est pas forcément demandée pour de bonnes raisons.
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Un débat d’adultes
Mais en voulant légiférer, le législateur risque d’obtenir les effets inverses recherchés. Car les magistrats, et a fortioriles pédopsychiatres, savent bien qu’en la matière il ne saurait y avoir de règles immuables. L’entente entre les parents, l’âge du ou des enfants, le contexte traumatique de la séparation sont autant d’éléments qui changent la donne pour le ou les enfants. La résidence alternée, si elle est la solution la plus juste en terme de temps passé entre chaque parent et ses enfants, n’est pas toujours la plus raisonnable ni la plus sensée pour l’enfant ni la plus adaptée à son développement psychoaffectif. La perte du repère que constitue le couple parental est déjà une épreuve à laquelle celle de ne plus avoir de réel endroit à soi peut s’ajouter douloureusement.
« Protéger et préserver l’intérêt d’un enfant n’est pas chose aisée lorsque des parents sont séparés et ne s’entendent pas. Mais les adultes, parents, magistrats et législateurs n’y parviendront qu’à la condition qu’ils ne confondent pas l’intérêt des adultes avec celui des enfants et renoncent de fait à une vision très adulto-centrée de leur réflexion sur le monde de l’enfance », expliquait Bernard Golse, Chef du service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Necker-Enfants Malades, dans un article publié le mois dernier dans la revue AJ Famille.
Traiter ces sujets au cas par cas semble rester la meilleure option, ou, pour paraphraser Michel Audiard, la pire à l’exclusion des autres…