Se marier mieux pour divorcer moins ? A voir…
Les chiffres de l’Insee sont sans appel : on se marie moins (-5% en 2011 vs 2010) et on divorce plus d’année en année. En région parisienne, plus d’un mariage sur deux finit par un divorce. Si les Français délaissent un peu le mariage, ils sont nombreux à se consoler dans les bras d’un Pacs accueillant ou d’un concubinage rassurant.
Le mariage ferait-il peur ? Ou alors, la cérémonie civile ne correspond pas aux attentes des couples qui souhaitent s’unir pour le meilleur et pour le pire. C’est ce que pense notamment Claude Greff, la secrétaire d’Etat chargée de la famille.
Redonner son faste au mariage civil
Dans la proposition de Madame Greff, il y a une réelle volonté de donner aux futurs mariés la possibilité de s’approprier leur cérémonie et de la personnaliser pour la valoriser. Ce travail sur le rituel est salué par le professeur de sociologie à Paris Descartes, spécialiste de la famille, François de Singly qui regrette que le mariage civil en France, pays de la laïcité, a toujours été plutôt « bâclé ». A priori, personne ne trouverait rien à redire à l’insertion dans la cérémonie civile d’une dimension sensible – à défaut de sacré – au milieu du jargon juridique. Mais, que vient faire le législateur sur ce terrain ?
« Kit », vous avez dit « kit » ?
Avant de voir ce que contient ce « kit », arrêtons-nous un instant sur le vocable utilisé. Le mariage semble être une jungle sauvage qu’il convient d’aborder muni d’un « kit » sans lequel on ne donne pas chère de votre peau. Après le kit du mariage, nous espérons le petit futé de l’adoption en 5 étapes, le routard du parfait divorce, et, pourquoi pas, la trousse de survie en milieu conjugal.
Au-delà du terme pour le moins malheureux, l’idée du kit de préparation au mariage civil est de mettre à la disposition des futurs mariés des informations sur la nature de leurs engagements et de les éclairer sur le contenu juridique de ce contrat particulier. Car si les conséquences d’un divorce sont d’abord humaines, elles sont également financières, pour les intéressés mais également pour la collectivité. Du coup, le gouvernement, soucieux de limiter les dépenses, tente de réduire le nombre de divorce en rappelant aux futurs mariés leurs droits et leurs devoirs. Combien d’amoureux, au moment de se dire « oui » devant le maire pensent par exemple qu’ils s’engagent à être solidaires de leur belle-famille ?
Mais pourquoi divorce-t-on généralement : pour le non respect d’un des articles du code civil ou par manque d’amour ? Est-ce véritablement faute d’information que les couples finissent par divorcer ? Le concept des formations à la conjugalité, semble plus ou moins calqué sur les séminaires de préparation au mariage religieux. L’Etat est-il encore dans son rôle ?
Réduire le nombre de divorce
Un divorce n’est jamais un acte anodin et ses conséquences sont effectivement multiples. Vouloir en réduire le nombre est une noble ambition tant que cela ne consiste pas à jeter l’opprobre sur ceux qui n’arrivent pas à maintenir leur barque sous les auspices d’une Marianne accompagnée de Cupidon. Du point de vue de l’avocat, bien préparer un mariage consiste avant tout à réfléchir au contrat de mariage qui correspond le mieux à sa situation. La loi aide à régler les problèmes et permet d’en éviter d’autres, mais peut-elle – et le doit-elle – aider les amoureux à le rester ? La question est posée.