C’est la nouvelle tendance sur les réseaux sociaux : les couples fraichement divorcés postent des photos d’eux sortant du tribunal, documents à la main, arborant un large sourire, agrémentées du hashtag (mot clé) #divorceselfie. Est-ce vraiment possible de divorcer dans la joie ?
A regarder les commentaires de ces couples qui semblent heureux de divorcer, on a envie de croire qu’effectivement, une séparation, la fin d’un mariage qu’on avait cru plus fort que toutes les intempéries de la vie, n’est pas fatalement un drame et ne doit pas nécessairement se vivre dans la douleur. Malheureusement, la plupart des divorces ne se finissent pas par une photo souvenir.
Fin août 2015, Shannon et Chris Neuman, un couple de Canadiens, postent leur @DivorceSelfie. Déjà partagée plus de 38 000 fois, cette photo est accompagnée d’un commentaire en forme d’explication dans un premier temps suivi d’un conseil :
We’re smiling because we have done something extraordinary (we think anyway!) We have respectfully, thoughtfully and honourably ended our marriage in a way that will allow us to go forward as parenting partners for our children, the perfect reason that this always WAS meant to be, so they will never have to choose. (…) And now that you know it’s possible – please consider our way if you find yourself on this road, or share our message if we can help remind them that it’s possible to love your kids more than you hate/distrust/dislike your ex (which we have felt at times on the journey but for the record we do actually like each other).
Nous sourions parce que nous avons fait quelque chose d’extraordinaire (en tout cas, c’est ce que nous pensons). Nous avons, de manière respectueuse, réfléchie et honorable, mis fin à notre mariage, de telle sorte que nous pourrons continuer d’être des partenaires pour nos enfants, pour qu’ils n’aient jamais à choisir. (…) Maintenant que vous savez que cela est possible, merci d’envisager notre voie si vous vous trouvez sur cette route, ou de partager ce message, si nous pouvons contribuer à rappeler qu’il est possible d’aimer ses enfants plutôt que de se détester/se méfier/ne plus aimer pas son ex (ce que nous avons parfois ressenti, mais que cela soit dit, en réalité, nous nous apprécions).*
Pour le bien de tous
Ce couple a décidé de surmonter leurs différends pour le bien de leurs enfants. Le droit français parle de « l’intérêt de l’enfant ». Mais il n’a certainement pas été simple d’en arriver à un tel résultat de bonne entente. A voire leurs visages radieux et à lire ce commentaire, ça a pourtant l’air tellement facile… Le divorce est la confirmation définitive du désamour (même si parfois les sentiments perdurent). De la même manière qu’on se marrie en pensant que c’est pour la vie, on divorce en espérant bien que ce sera ad vitam aeternam. Mais comment trouver l’entente dans la mésentente ? Le rôle d’un avocat est bien de défendre son client et cette défense passe trop souvent par « l’attaque » de l’autre, mais en droit de la famille, il est aussi important de penser au bien-être de tous car un couple qui se sépare n’est pas synonyme d’une famille qui éclate et qui se déchire. Le droit collaboratif est un moyen de construire ensemble son divorce pour éviter qu’il y ait un « gagnant » et un « perdant » et préserver ce qui peut encore l’être. La mode du selfie passera, mais le besoin de divorcer dans la paix perdurera. Nous avons, nous les avocats en droit de la famille, un vrai rôle à jouer.
*traduction de Next Libération